Récemment, la nouvelle proposition de protocole d’accord social a atterri dans notre boîte aux lettres. Cela s’est fait sans tambours ni trompettes ou autres effusions de joie.
Et cela pour une bonne raison !
Il n’y a en effet que peu de différences entre cette proposition et son illustre prédécesseur que nous avions reçu il y a quelques années et qui a provoqué chez tous les syndicats des crampes d’estomac spontanées. Le NON fort et clair que notre employeur avait reçu a fait taire la conversation pendant un bon moment.
Il y a maintenant un nouveau texte, bien que “nouveau”, doit être interprété ici de manière très large. On appelle cela « du réchauffé ». Les nuances se sont cependant habilement cachées entre les lignes comme notre bon ami Wally. C’est à l’aide d’une loupe qu’il faut chercher les différences.
Ce qui frappe à la première lecture, c’est le langage brumeux et vague avec lequel notre employeur dévoile ses ambitions. On dirait même un texte religieux qui peut être interprété de toutes sortes de façons. Cela rend bien difficile une analyse approfondie de leurs objectifs. L’interprétation libre qui suit a pour but de nous aider à trouver notre chemin dans le labyrinthe des intentions cachées.
Le premier danger que l’on peut épingler concerne l’annualisation des heures supplémentaires. Aujourd’hui, les heures supplémentaires doivent être calculées et compensées sur base trimestrielle, ce qui nous semble être déjà un délai très généreux. Nous ne sommes pas dupes du grand danger que représente la compensation sur base annuelle. Cela revient ni plus ni moins à dire que toute notre vie sociale et familiale devra se plier aux désirs de notre patron.
En période d’activité intense, vous accumulerez un tas d’heures de prestation que vous récupérerez en périodes calmes. Ainsi, votre vie personnelle sera pour la énième fois sacrifiée sur l’autel de la flexibilité. C’est aussi pourquoi notre employeur lorgne, une fois de plus, avec envie et avec l’eau à la bouche, sur le fascicule 541 (Prestations et repos) et pourquoi, à ses yeux, il faut le modifier à nouveau. Cela commence à ressembler à du fétichisme malsain.
On trouve quelque part dans le texte un passage très peu clair sur les travailleurs statutaires à temps partiel. Comprendra qui comprendra. Nous, nous n’y voyons qu’un tremplin vers des services coupés. Sur cette pente glissante également, nous ne pouvons que freiner des quatre fers.
Une fois de plus, les postes à profil sont mis à l’honneur. Certes, il est louable de vouloir mettre la bonne personne au bon poste. Malheureusement, notre employeur reste très vague sur la manière exacte dont il entend y parvenir et sur la façon dont on exclura l’arbitraire dans le chef des seigneurs locaux afin d’éviter que cela ne devienne le creuset du favoritisme.
Les nouveaux employés contractuels se verront offrir un nouveau paquet salarial , le “reward plan”. Mais n’ayez crainte, chers employés statutaires et contractuels actuels, vous pourrez également en profiter ! Il s’agit d’un choix libre et individuel. Toutefois, nous vous conseillons de lire très attentivement les petits caractères. Votre statut pourrait bien être menacé, et avec votre signature, vous venez d’ouvrir la porte de la privatisation.
Bien sûr, dans cet accord, il y a çà et là quelques miettes à ramasser, et cette comparaison est à prendre au pied de la lettre. Un euro de plus sur les chèques-repas, une prolongation de l’assurance hospitalisation et une indemnité vélo. Et c’est tout. Nous pouvons garder ce paragraphe très court…
90 % de cette proposition d’accord sont des régressions pures et simples, brutales et sans ménagement. 10 % pourraient être interprétés comme des améliorations.
Conclusion : ce texte est un parfait exemple de total déséquilibre en faveur de l’employeur. Il ne s’agit en aucun cas d’un accord équilibré. Il ne fait aucun doute que les mesures proposées exigeront une fois de plus un effort considérable de notre part et qu’elles constituent un nouvel exercice sans précédent de gain de productivité et de flexibilité.
Il n’est fait mention nulle part de pistes pour aborder les vrais problèmes de terrain:.
- le manque de personnel dans les trains, dans les gares et dans les services de sécurité;
- mais aussi les problèmes croissants d’agressions qui y sont liés.
- L’octroi de jours de repos et de congés,
- un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
Où trouve-t-on dans ce texte brumeux et vague ne fusse que des ébauches de solutions aux problèmes qui nous tiennent éveillés?
Cette proposition d’accord social nous semble n’être qu’un énième exercice financier conçu pour une armée de comptables et de managers qui n’ont peut-être jamais vu un train de près.
Mais surtout, il nous semble qu’il s’agit à nouveau d’une occasion ratée d’engager un réel dialogue avec le personnel de terrain. Notre employeur pourrait apprendre beaucoup d’une conversation honnête et constructive…